La place de l’expert de justice dans une société où tout s’accélère !
La période inédite que nous traversons induit un changement radical dans nos modes de vie , où l’innovation technique est reine.
L’accélération en est un trait caractéristique et ce phénomène prend toute son ampleur dans notre société actuelle.
Au-delà du changement technique, c’est un changement « de » la société affectant l’écrit, la science, la pensée.
Notre rythme de vie se traduit par une densification des épisodes d’actions avec un sentiment d’urgence, de pression temporelle contrainte pouvant entraîner un mal être, dans un monde virtuel où l’isolement et le télétravail sont préconisés.
Les causes de cette accélération, au-delà des progrès techniques, sont aussi culturelles : l’accélération produit une fantastique augmentation des possibilités (services, loisirs, modes de communication avec Internet ).
Pour ne rien perdre de ces options, nous « surfons » sans cesse, avec la sensation de ne rien entreprendre d’essentiel.
Nous privilégions des activités qui engendrent des satisfactions faibles, de court terme, mais garanties (divertissement), délaissant les implications de longue durée (l’écriture, la pensée).
Quelle est la place de l’expert dans ce monde ?
« Plus que jamais , le juge a besoin de l’avis du technicien expérimenté qu’est l’expert judiciaire, singulièrement dans les domaines où la science et la technique atteignent une complexité croissante , rendant indispensable l’intervention des « hommes de l’art »...
C’était un constat déjà formulé par le Président du Tribunal de Grande Instance de Paris, Monsieur Jean-Claude Magendie, dans son rapport transmis au Garde des Sceaux le 15 juin 2004 !
Y était également abordée la dimension temporelle, et plus précisément que la question de l’expertise constituait l’un des aspects majeurs de toute réflexion sur une gestion équilibrée du temps du procès.
En effet, la désignation d’un technicien a pour conséquence, dans la majorité des cas, de retarder l’issue du procès.
Car, en matière d’expertise, les délais peuvent, dans la pratique, être très longs.
L’expert n’est pas maitre du temps et les parties usent parfois de stratagèmes pour allonger les opérations d’expertise en recourant à des procédures légitimes.
Et en matière d’expertise, la précipitation nuirait à la qualité du travail pourtant destiné à permettre au juge de statuer en meilleure connaissance de cause.
Un rapport d’expertise insuffisamment argumenté peut amener le juge à ordonner un complément d’expertise, voire une contre-expertise, ce qui allongera d’autant la durée du procès !
Tout en nous adaptant à ces évolutions, prenons le temps nécessaire à la réflexion « active » , souhaitant que la pensée, la réflexion prendront le pas sur ce monde virtuel toujours plus pressé !
La Présidente
Laurence VALAY